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Benoit Dargaud, entrepreneur : "Il faut ouvrir le champ des possibles"

Portrait

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23/04/2019

Lorsque Benoit DARGAUD évoque son parcours de formation, il décrit une histoire classique. Une mauvaise moyenne au collège, un passage de justesse en 3ème et un conseil de classe qui tranche : Benoit est fortement incité à quitter son parcours en enseignement général pour rejoindre la formation professionnelle. Sa seule marge de choix est de décider de son univers métier : ce sera le bois « parce que mon arrière-grand-père était charpentier ». 

Le choix de la SEPR s’impose naturellement : « mon père y avait suivi des cours du soir, et un ami de la famille, ancien directeur de l’AFPIA, nous a confirmé la qualité des formations dispensées ». 


Benoit démarre un CAP Ébénisterie en temps plein au Lycée des Métiers, qu’il poursuit par un Bac Pro réalisé en alternance : « j’ai fait le choix d’une entreprise de pose de menuiserie alors que je faisais une formation en ébénisterie, car je voulais agrandir le champ des possibles ». Le Bac Pro en poche, Benoit reste deux années dans l’entreprise, puis part se former en ossature bois en Australie. A son retour, il crée une première société, découvre le parcours entrepreneurial, et doit imaginer des stratégies pour développer son activité : « les clients potentiels n’étaient pas rassurés par mon jeune âge, alors j’ai demandé à mon père de m’accompagner pour faire de la figuration lors des signatures de contrat ».


En 2013, Benoit crée BC Menuiserie. Il démarre petit, « avec un camion et mes outils dans un garage », avec le rêve de développer un modèle d’entreprise centré sur l’humain, et d’y impliquer ses futurs collaborateurs. L’activité se développe, et avec elle un modèle d’entreprise : « Je n’embauche que des jeunes, pour prouver au marché que l’âge ne doit pas être un frein. Au-delà de la rémunération que je verse à mes collaborateurs, je souhaite avant tout leur proposer une aventure humaine, une ambiance de travail basée sur la confiance, le partage et l’expérience collective : c’est important car je passe plus de temps avec eux qu’avec ma propre famille ! Nous sommes aussi reconnus pour notre capacité d’écoute et de conseil : plutôt que de donner au client ce qu’il demande, nous tâchons de définir avec lui ce qu’il souhaite ». 

Et ça marche : six ans après sa création, BC Menuiserie affiche un CA de 1,8 M€, et emploie 15 collaborateurs dans ses 600 m² d’ateliers et 240 m² de bureaux à Corbas. L’activité comprend un secteur gros travaux, et un secteur agencement, permettant de travailler avec une diversité de clients allant des bailleurs sociaux aux hôtels haut de gamme.


Fort de cette belle réussite, Benoit DARGAUD reste un entrepreneur dans l’âme. Il y a un an et demi, une problématique récurrente dans ses ateliers a attiré son attention : « En menuiserie nous utilisons des tréteaux en bois tous les jours. Ce produit est toujours le même depuis sa création, avec des problèmes de vieillissement lié à la perte de résistance et de stabilité : notre taux de renouvellement était très important, nous avons donc entamé une réflexion pour éviter de jeter autant ». La réflexion aboutit à la création d’un prototype, qui est fabriqué à 200 exemplaires et remis à plusieurs corps de métiers pour réaliser des tests et apporter un retour d’expérience : « Au bout d’un mois, quand nous avons demandé à récupérer les tréteaux, personne n’a voulu les rendre ». Ainsi est né Hard Corner, société qui développe et commercialise un tréteau innovant, durable, modulaire et présentant un rapport poids / résistance le plus élevé du marché : « notre produit s’adapte à l’utilisateur et pas l’inverse ».


Aujourd’hui il ne reste rien du jeune proche de l’échec scolaire qu’était Benoit DARGAUD au collège : sa curiosité, son goût d’apprendre, sa volonté, lui ont permis de s’épanouir en tant qu’entrepreneur, à la fois libre de ses choix et conscient de ses responsabilités. Son parcours dépoussière l’image du patron et de la formation professionnelle. Une bataille contre la fatalité, qu’il s’emploie à léguer aux jeunes qu’il forme en apprentissage tous les ans. 

Son conseil ? Y croire et se donner les moyens : « Je ne regrette rien de mon parcours, même si je pense que j’aurais pu aller plus loin dans ma formation générale pour accéder à d’autres informations. J’ai dû beaucoup apprendre « sur le tas », et j’envisage aujourd’hui de reprendre une formation pour acquérir des connaissances qui me manquent.Il y a des gones qui ont des grandes capacités, et qui sortent trop tôt du système scolaire. Il faut ouvrir le champ des possibles, car la volonté peut permettre d’atteindre des objectifs qui paraissent inaccessibles ».


Plus d'infos sur Hard Corner : https://www.youtube.com/watch?v=WNw_lycLw7Q

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